« Djanat » (qui signifie paradis originel) est le récit d’une situation de crise vécue dans la cour de ma
famille, à Dédougou au Burkina Faso. Le décès de mon oncle, le patriarche, autorité religieuse de la
région et garant de la transmission de l’islam mandingue dogmatique, a entrainé une procédure
judiciaire d’héritage devant les tribunaux d’inspiration occidentale rompant ainsi avec une tradition
séculaire de transmission par legs oral.
Ma famille n’est pas un cas isolé en proie avec un conflit foncier. Si l’on en croit les médias qui se sont
emparés du sujet, comme Radio Balafon qui est parti de l’exemple de notre cour, il s’agit d’une
« bombe sociale » en gestation dans les sociétés Ouest-africaines. A Bobo Dioulasso, le palais de
justice a été brulé dans un élan de contestation populaire opposée à la justice moderne d’inspiration
occidentale.
Notre cour devient le théâtre où se joue l’avenir d’une famille emblématique d’une société entière. Peu
à peu, les langues se délient et les points de vue s’affrontent jusqu’au procès.
Dans cette période charnière, où le modernisme occidental transforme notre identité jusque dans
nos liens familiaux, nos structures sociales traditionnelles et nos codes religieux, comment passer
de gardiens de nos terres à propriétaires de biens immobiliers ? Quelle relation entretenons-nous
avec notre héritage ?